La partition numérique au collège : retour d’expérience

Professeur d’éducation musicale et formateur, Nicolas Olivier est passionné par les nouvelles technologies et est convaincu qu’elles peuvent servir à l’apprentissage. Son postulat est de rendre le numérique fluide, accessible et pertinent pour s’insérer dans la boîte à outils pédagogique des enseignants. Fervent utilisateur de l’application Newzik, Nicolas Olivier nous explique comment l’application lui a permis de développer sa pédagogie au collège !

Comment préparez-vous un cours de chant à l’aide d’une partition numérique ? 

En tant que professeur d’éducation musicale et chant choral au collège, je n'enseigne pas les notes de musique. En revanche, je les utilise à titre personnel pour les intégrer aux partitions que je vais faire chanter à mes élèves, et éventuellement des exemples prévus pour mes cours. 

La première chose que je fais, c'est de stocker les partitions de chant que je vais apprendre à mes élèves dans l'application Newzik. Et ce que j'aime beaucoup dans l’application, c'est son côté multi-plateformes. Ça me permet de pouvoir importer une partition directement dans l’application quand j’en trouve une sur mon téléphone par exemple. Et si je suis sur ordinateur, je peux également importer une partition en quelques clics. Et grâce à ça, mes partitions sont accessibles partout et en même temps, je peux ainsi travailler dessus à tout moment. Ce que j'utilise aussi pas mal, c'est la fonction LiveScore.

Cette fonction me permet d'avoir une lecture de la partition quand on n'a pas forcément un morceau existant enregistré. Si je prends des œuvres qui n’ont pas d’enregistrement disponible ou qui ne me convient pas, je peux tirer parti de ces fonctionnalités-là. Cela me sert ne serait-ce que pour moi afin de les mettre en lecture dans mes oreilles pour travailler : identifier certaines difficultés que je ne perçois pas quand je les lis directement avec la méthode du solfège. 

Est-ce utile d’éditer des partitions pour préparer vos cours ? 

Bien sûr, l'étape cruciale d’une préparation passe par les annotations. Là encore, j'adore le côté multi-plateformes de Newzik parce que je peux être dans le métro en train de regarder ma partition, de l'écouter et de me dire qu’il faut que je fasse attention à un intervalle, par exemple. 

Je peux faire des annotations pour indiquer mes phrasés, mes respirations, et littéralement annoter ma partition comme si j’ajoutais des idées dans un cahier de brouillon. Ces annotations me permettent de personnaliser une partition, aussi bien côté interprétation que côté apprentissage pour les élèves, en soulignant des passages clés.

Quelles sont vos astuces pour optimiser la préparation des exercices de chant ?

En tant qu’enseignant d’éducation musicale, je cherche à proposer un échauffement vocal dans lequel je vais inclure les difficultés du chant dès cet échauffement. 

Si par exemple, j'identifie une phrase un peu compliquée sur une partition, je vais essayer de me noter sur le côté des idées d'exercices à faire en échauffement vocal qui vont faire travailler cette difficulté. Autre exemple : lorsque je prépare mes cours, un élève peut me faire découvrir un morceau de K-pop, parce qu’il en écoute beaucoup. Si je trouve que le morceau est intéressant, je tente de trouver une bonne partition de ce morceau de K-pop ou bien, je la crée moi-même. Ensuite, j’importe cette partition dans Newzik et je commence à travailler dessus. 

Au départ, je me fie à de l'émotionnel. J’entends un morceau, et je me dis que c’est super pour ma classe. Cela peut être soit parce que j’aime bien le morceau, soit parce que j'y identifie quelque chose d’intéressant à expliquer aux élèves.

Comment s’adapter au programme de l’éducation nationale tout en stimulant les élèves ?  

Par exemple, pour revenir à ce que je disais sur la K-pop, quand j’ai entendu pour la première fois le morceau Likey du groupe Twice, j’y ai tout de suite identifié une sorte de citation d'un morceau de Daft Punk (Get Lucky). À partir de là, je suis allé relever Get Lucky, j’ai créé la partition, j’ai ensuite relevé Likey de Twice, et ça m’a permis de montrer les similarités. J’ai ainsi pu respecter un élément du programme d’éducation musicale de l’éducation nationale qui se nomme “créer une musique à partir d'une autre”. 

Ce qui est intéressant, c'est que les élèves connaissent à la fois le morceau de K-pop et Get Lucky. Le choix du morceau va donc être un point d’accroche pour eux. J’essaie de m’appuyer sur des œuvres qui parlent aux élèves pour pouvoir les emmener ailleurs.  

L'étape d'après va être d'aller chercher à les emmener chez Mozart ou Debussy par exemple. L’idée, c’est de partir d’un morceau comme Get Lucky ou Likey pour les amener vers des compositeurs appartenant à la musique savante ou extra européenne et leur expliquer que ce procédé ne date pas d’hier. 

Une fois qu’ils ont compris le concept, je les laisse fabriquer une composition : ils vont reprendre une musique qui existe déjà et faire une autre musique avec ou bien faire une cover. Variation, match-up, mix, sample, etc : ils vont choisir l’une des techniques étudiées et feront eux-mêmes leur création musicale à partir d’un matériau existant.

Employez-vous d’autres techniques que le choix des musiques ? 

L’une des autres techniques que je pratique, c’est celle de partir sur un morceau qui va surprendre émotionnellement les élèves. L'effet de surprise va les captiver. J’utilise aussi les applications. Je pense notamment à l'application Launchpad ou l'application GarageBand qui sont effectivement les deux applications que j'utilise énormément en classe pour faire de la musique. 

J’utilise Launchpad pour lancer des boucles de musique. Je montre aux élèves comment David Guetta travaille ses morceaux et je leur explique les clés de composition qui vont leur permettre de créer une musique intelligible. L'attrait de l'application et les sons qui sont intégrés dedans les engagent énormément. C’est notamment le cas pour mes élèves en sixième. Ils sont équipés en iPads cette année et depuis que je leur ai installé l'application et que je leur ai montré comment faire, je ne fais que recevoir des mails dans lesquels ils m'envoient leurs morceaux. Et ils se prennent au jeu : après avoir effectué leur devoir, ils m’envoient d’autres productions.

Certains grands frères ou grandes sœurs d’élèves reviennent vers moi en me montrant des fonctionnalités que je n’ai pas vues dans l’application. Ils ont le temps de l’utiliser à la maison. GarageBand est une application qui permet à la fois de jouer véritablement d’un instrument virtuel et également d’éditer plusieurs pistes pour faire un montage audio puis enregistrer ses propres sons. 

Ces applications me servent à leur faire jouer des guitares, des pianos et des batteries virtuelles de façon synchronisée. Les élèves ont directement l’impression de créer leur propre musique en groupe. 

Les élèves travaillent-ils leurs cours de musique sur iPad à distance ? 

Non, je fais en sorte que les exercices soient uniquement pratiqués en classe. Mais les élèves sont tellement motivés par le travail musical sur iPad qu'ils le font d’eux-mêmes à la maison. J'organise mon temps de cours pour que l’on chante, que l’on écoute et que l’on fasse de la création. Des fois, l'ordre n'est pas le même, mais je fais tout pour qu'ils puissent faire leurs exercices en cours. Typiquement, en 6ᵉ, ils vont vraiment travailler à la maison parce qu'ils sont motivés. En 5ᵉ parfois aussi. Et à partir de la 4ᵉ, 3ᵉ, ils essaient plutôt d'optimiser le temps en classe parce ça les engage un peu moins. C'est normal, c'est l'âge !

L’utilisation de l’iPad a-t-elle modifié la vitesse d’apprentissage des élèves ? 

Oui, complètement, ça change tout. Avant, avec les sixièmes, les choses avançaient très petit à petit d’un cours à l’autre. Aujourd’hui, une fois que les élèves ont pris les applications en main et suivent les consignes, 90% d’entre eux ont fini leur travail à la maison d’une semaine à l’autre. Et en classe, on peut avancer et tester d’autres exercices. Donc en fait, on va même aller plus loin.

La prochaine étape, c’est de tester Newzik dans vos cours de chorale ? 

Oui, ce sera pour une prochaine étape. Actuellement, je prépare aux élèves tous les guides de chant et toutes les partitions dédiées aux différentes voix : Soprano, Alto, Ténor, etc. J'utilise LiveScore, pour que les élèves retrouvent toutes les partitions dans l’application. 

Par exemple, l’élève en voix alto qui ouvrira sa partition aura l'instrumental tout seul, avec le guide voix du LiveScore (et le mien) et il pourra s'entraîner avec ou sans les autres voix. J’ajouterai également les autres voix. L’idée, c’est que toutes les voix puissent s’entraîner à chanter en même temps avec les autres voix (ou pas) dans les oreilles, afin de travailler la polyphonie !  

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